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Poisson d’avril ?

Victimes de la pêche

Les victimes de la pêche

On aimerait que ces chiffres soient faux, que ce ne soit qu’un énième poisson d’avril. Car si on ramène ces masses (notez toute l’inhumanité de ce décompte) en nombre d’êtres-vivants, on dépasse allègrement les 1000 milliards de poissons tués chaque année (1).

C’est pourtant bien la réalité, et ce chiffre ne tient pas compte de tous les autres organismes pris dans les filets, qui seront tués par leur remontée ou par suffocation au contact de l’air. Il s’agit de cétacés, de tortues, de poissons, de crustacés, de céphalopodes… Tous seront rejetés morts ou agonisant dans l’océan. Et leur proportion peut varier de 20% du contenu des filets (en moyenne) à 95% dans certaines pêches (comme la pêche à la crevette au chalut)(2).

Un haddock pris dans un filet écossais. Christopher Furlong/Getty Images

Un haddock pris dans un filet écossais. Christopher Furlong/Getty Images

Réponse d’omnivore : Oui mais ce sont des poissons, ils ne souffrent pas !

C’est une erreur classique de conception de l’arbre du vivant : leurs ancêtres étant apparus avant, les poissons seraient moins « évolués » que les autres Vertébrés. Sauf que c’est faux. Leur taxon a même évolué durant plus longtemps si on veut jouer aux comparaisons. Ces animaux présentent un système nerveux complexe, une mémoire à long terme et des comportements sociaux très divers… Comme tous les organismes mobiles, ils percoivent la douleur et cherchent à l’éviter. Quant à savoir s’ils souffrent lors de la pêche, laissez moi vous présenter leur calvaire.

La pêche impose une agonie longue et douloureuse à la plupart de ses victimes : les animaux tirés vivants de l’eau peuvent suffoquer longtemps avant de mourir. Pris à l’hameçon, harponnés, coincés dans des filets, ou traînés dans des chaluts où ils frottent les uns contre les autres parmi des débris divers, le calvaire commence pour eux bien avant la sortie de l’eau. Lorsque la remontée forcée du chalut a lieu à partir d’une certaine profondeur, la décompression devient insoutenable ; il arrive alors que la vessie natatoire éclate, que les yeux sortent des orbites ou que l’œsophage et l’estomac sortent par la bouche. De longues heures plus tard, ils seront souvent disséqués vivants (retrait des viscères sans anesthésie). Ils peuvent même être rapidement réfrigérés alors qu’ils vivent encore, un procédé qui peut à la fois accroître et prolonger leur souffrance. (3)

Regardez cet extrait d’un reportage d’Arte sur la pêche.

Évidemment, les poissons ne vont pas monter une pétition Avaaz pour alerter le monde entier sur leur calvaire. Nous ne saurons donc jamais parfaitement quelle est l’ampleur de leur souffrance et de leur état de conscience de celle-ci.

Mais un être humain sensible a-t-il besoin de tout ça pour d’ores et déjà épargner ces vies sauvages ?

« Celui qui veut faire quelque chose trouve toujours des moyens, mais celui qui ne veut rien faire trouve toujours des excuses. »
Proverbe arabe


Version anglaise du dessin

Victims of ficheries

Victims of ficheries

(1) Le nombre d’individus n’est pas comptabilisé par les pêcheurs. Pour ce qui est des vertébrés, ce nombre est estimé, par l’organisation fishcount.org, entre 970 et 2740 milliards d’individus chaque année

(2) Eayrs, Steve, et Food and Agriculture Organization of the United Nations. Guide pour la réduction des prises accessoires dans la pêche au chalut des crevettes tropicales. Rome: Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2009. http://www.fao.org/docrep/017/a1008f/a1008f.pdf

(3) La plupart des mes informations viennent des sites de l’association L214 : http://www.l214.com/poissons et http://www.viande.info/la-peche.

Pour plus d’infos sur les menaces qui pèsent sur les océans, visitez le site de l’association Bloom : http://www.bloomassociation.org/